La psychanalyse ?

La psychanalyse ?

Des problèmes épistémologiques qui restent essentiels et incontournables pour la psychanalyse.
(Développements sur le déterminisme psychique prima faciae et absolu de la psychanalyse freudienne.)
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Citations :
« Deux obstacles s'opposent à la reconnaissance des cheminements de pensée psychanalytiques : premièrement, ne pas avoir l'habitude de compter avec le déterminisme, rigoureux et valable sans exception, de la vie animique, et deuxièmement, ne pas connaître les particularités par lesquelles les processus animiques inconscients se différencient des processus conscients qui nous sont familiers. » S. FREUD. « De la psychanalyse ».
« Nous ne serons pas étonnés de constater que l'examen analytique révèle comme étant parfaitement déterminés, non seulement les nombres, mais n'importe quel mot énoncé dans les mêmes conditions. (…) On sait que beaucoup de personnes invoquent à l'encontre d'un déterminisme psychique absolu, leur conviction intime de l'existence d'un libre-arbitre. Cette conviction refuse de s'incliner devant la croyance au déterminisme. (…) Ce qui me distingue d'un homme superstitieux, c'est donc ceci : Je ne crois pas qu'un événement, à la production duquel ma vie psychique n'a pas pris part, soit capable de m'apprendre des choses cachées concernant l'état à venir de la réalité ; mais je crois qu'une manifestation non-intentionnelle de ma propre activité psychique me révèle quelque chose de caché qui, à son tour, n'appartient qu'à ma vie psychique ; je crois au hasard extérieur (réel), mais je ne crois pas au hasard intérieur (psychique). C'est le contraire du superstitieux : il ne sait rien de la motivation de ses actes accidentels et actes manqués, il croit par conséquent au hasard psychique ; en revanche, il est porté à attribuer au hasard extérieur une importance qui se manifestera dans la réalité à venir, et à voir dans le hasard un moyen par lequel s'expriment certaines choses extérieures qui lui sont cachées. Il y a donc deux différences entre l'homme superstitieux et moi : en premier lieu, il projette à l'extérieur une motivation que je cherche à l'intérieur ; en deuxième lieu, il interprète par un événement le hasard que je ramène à une idée. » S. FREUD. « Psychopathologie de la vie quotidienne ».
« Vous remarquerez déjà que le psychanalyste se distingue par sa foi dans le déterminisme de la vie psychique. Celle-ci n'a à ses yeux rien d'arbitraire ni de fortuit ; il imagine une cause particulière là où, d'habitude, on a pas l'idée d'en supposer. Bien plus : il fait souvent appel à plusieurs causes, à une multiple motivation, pour rendre compte d'un phénomène psychique, alors que d'habitude on se déclare satisfait avec une seule cause pour chaque phénomène psychologique ». S. FREUD. « Cinq leçons sur la psychanalyse ».
« Dans un tourbillon de poussière qu'élève un vent impétueux ; quel qu'il paraisse à nos yeux, dans la plus affreuse tempête excitée par des vents opposés qui soulèvent les flots, il n'y a pas une seule molécule de poussière ou d'eau qui soit placée au hasard, qui n'ait sa cause suffisante pour occuper le lieu où elle se trouve, et qui n'agisse rigoureusement de la manière dont elle doit agir. Un géomètre qui connaîtrait exactement les différentes forces qui agissent dans les deux cas, et les propriétés des molécules qui sont mues, démontrerait que, d'après les causes données, chaque molécule agit précisément comme elle doit agir, et ne peut agir autrement qu'elle ne fait ». Baron d'HOLBACH, « Système de la nature ».
« Nous devons envisager l'état présent de l'univers comme l'effet de son état antérieur, et comme la cause de celui qui va suivre. Une intelligence qui, pour un instant donné, connaîtrait toutes les forces dont la nature est animée et la situation respective des êtres qui la composent, si d'ailleurs elle était assez vaste pour soumettre ces données à l'analyse, embrasserait dans la même formule les mouvements des plus grands corps de l'univers et ceux du plus léger atome : rien ne serait incertain pour elle, et l'avenir, comme le passé, serait présent à ses yeux. L'esprit humain offre, dans la perfection qu'il a su donner à l'astronomie, une faible esquisse de cette intelligence. Ses découvertes en mécanique et en géométrie, jointes à celles de la pesanteur universelle, l'ont mis à portée de comprendre dans les mêmes expressions analytiques les états passés et futurs du système du monde. En appliquant la même méthode à quelques autres objets de ses connaissances, il est parvenu à ramener à des lois générales les phénomènes observés, et à prévoir ceux que les circonstances données doivent faire éclore ». P.S. LAPLACE, « Essai philosophique sur les probabilités. »
« Déterminisme, dans son sens partiel, est assurément un postulat méthodologique de la science à notre échelle, lorsqu'elle isole un groupe de phénomènes pour en débrouiller les lois.. (…) Au déterminisme toujours partiel et toujours progressant visant à épuiser la diversité des phénomènes sans jamais affirmer une entreprise achevée, correspondent étroitement l'usage et la portée de la loi scientifique, sur lesquels il n'y a pas de débats. (…) Mais l'affirmation totalitaire du déterminisme universel, comme prise de position sur le tout, sort du cadre de la méthode scientifique : elle est étrangère à la science et elle lui est inutile. C'est proprement une hypothèse métaphysique. Elle n'a tiré son crédit que d'une confusion entre le déterminisme méthode, et le déterminisme dogmatique. » J. ULLMO, « La Pensée scientifique moderne », Flammarion, 1958
« Il est impossible de prouver la justesse de la thèse déterministe ou indéterministe, car il faudrait que la science soit complète ou impossible pour que la question fût tranchée. ». Ernst MACH, « La Connaissance et l'erreur ».
« On peut décrire ce que j'appelle le caractère prima faciae déterministe de la physique classique le plus aisément en prenant appui sur le Démon de Laplace. (…) Laplace introduit(…) la fiction d'une Intelligence surhumaine, capable de déterminer l'ensemble complet des conditions initiales du système du monde à un instant donné, quel qu'il soit. A condition de connaître ces conditions initiales, ainsi que les lois de la nature (les équations de la mécanique), le Démon serait en mesure, selon Laplace, de déduire tous les états futurs du monde. A condition, par conséquent, que les lois de la nature soient connues, le futur du monde serait implicite dans chaque instant de son passé. La vérité du déterminisme serait donc établie. (…) J'introduis cette désignation afin de caractériser certains aspects de la théorie de Newton, de Maxwell, ou d'Einstein, par opposition à d'autres théories connues comme la thermodynamique, la mécanique statistique, la théorie quantique, et peut-être aussi la théorie des gènes. Je suggère la définition suivante : Une théorie physique est prima faciae déterministe si et seulement si elle permet de déduire, à partir d'une description mathématiquement exacte de l'état initial d'un système physique fermé décrit dans les termes de la théorie, la description, avec n'importe quel degré fini de précision stipulé, de tout état futur du système. Cette définition ne requiert pas des prédictions mathématiquement exactes, mêmes si les conditions initiales sont supposées être absolument exactes. » Karl R. POPPER. « L'univers irrésolu, plaidoyer pour l'indéterminisme ».
Constats :
S'il y a une chose de frappante, de nos jours, dans les discussions concernant le statut de la psychanalyse, c'est cet étonnement face à l'avalanche de critiques parfaitement fondées et étayées sur Freud et sur sa théorie. Que ces critiques soient d'ordre épistémologiques, thérapeutiques ou historiques.
Ce qui est irritant, sinon inquiétant, c'est ce recours systématique à l'argument plus ou moins voilé de l'antisémitisme qui serait l'un des motifs de la critique de la psychanalyse. C'est inadmissible. Il s'agit, en réalité, d'un terrorisme intellectuel se fondant sur la diabolisation des adversaires de la psychanalyse : il seraient des « antisémites », des « révisionnistes » ; ou bien ils seraient « haineux », « positivistes », « techno-scientistes ». Mais il y a aussi la stratégie plus ancienne de la pathologisation des adversaires qui seraient des névrosés résistants qui s'ignorent ou des « quérulents processifs » désireux de se venger de la psychanalyse.
Ce qui me conforte, c'est le fait que les partisans de Freud et de la psychanalyse n'ont de cesse de signer dans leurs propos leur mécompréhension de la méthode scientifique, en mettant par exemple de l'avant, sans s'en rendre vraiment compte, que ce sont les confirmations d'une théorie qui en prouveraient le contenu descriptif, explicatif et prédictif. On oublie trop souvent, hélas, la leçon magistrale donnée par Karl Popper : si ce sont des confirmations que l'on cherche, on peut toujours en trouver, pour n'importe quelle théorie. Les confirmations, qui, du fait de leur relation logique par rapport à la théorie, ne sont toujours lues qu'à la lumière de cette dernière, n'apportent jamais de contenu d'information supplémentaire sur ce que dit déjà la théorie. Elles sont donc inutiles pour nous permettre d'éprouver le contenu d'une théorie. La seule chose qui puisse nous renseigner sur le contenu d'une théorie (contenu empirique et contenu logique) ce sont les corroborations ou les réfutations. La méthode de corroboration passe logiquement par un essai de réfutation (ou d'infirmation) d'un énoncé de base, essai qui, si il échoue, aboutit à la corroboration de la théorie testée. Si l'essai de réfutation réussi, c'est-à-dire si l'énoncé de base considéré comme falsificateur potentiel de la théorie testée, est confirmé par le test, alors, la théorie testée est réfutée. Dans un processus de confirmation, nous ne cherchons pas la mise à l'épreuve d'une théorie par la soumission à un test de l'une des ses conséquences testables. Par exemple, pour confirmer la théorie «tous les cygnes sont blancs», nous chercherons d'autres cygnes blancs. Par contre, pour la corroborer, il nous faudra chercher un cygne non-blanc (par exemple un cygne noir), selon certaines conditions initiales, en espérant ne pas le trouver. Si nous ne trouvons pas le cygne noir recherché, nous dirons que notre théorie est corroborée, tout en apprenant quelque chose de nouveau, quelque chose que nous ne connaissions pas avant le test. En effet, nous saurons désormais que : «tous les cygnes sont effectivement blancs…et ne peuvent être noirs», alors qu'avant le test nous ne savions pas qu'ils ne pouvaient pas être noirs.
Situation épistémologique de la psychanalyse :
Or, en psychanalyse, qu'elle est donc la situation épistémologique de départ ? De quoi dépend elle ? Elle dépend de ce que nous dit Freud au sujet du déterminisme, puisque tout corpus scientifique, ou tout corpus théorique qui prétend faire science, doit d'abord indiquer comment il se positionne vis-à-vis de la question du déterminisme, étant donné, que le but de toute science est de parvenir à corroborer des lois causales ou des lois fréquentistes. Je cite Karl Popper dans «la logique de la découverte scientifique» : «La tâche du savant est de rechercher des lois qui lui permettront la déduction de prévisions. Cette tâche peut se diviser en deux parties. D'une part, il doit essayer de découvrir des lois qui le mettront en mesure de déduire des prévisions relatives à des cas individuels (des lois « causales » ou « déterministes », ou « énoncés de précision »). D'autre part, il doit essayer d'avancer des hypothèses relatives à des fréquences, c'est-à-dire des lois énonçant des probabilités, afin de déduire des prévisions relatives à des fréquences. Il n'y a rien dans ces deux tâches qui les rendent incompatibles. (…) Dans sa quête des lois, (…), rien n'arrêtera jamais le savant. Et quelque puisse être le succès obtenu à l'aide d'évaluations de probabilités, nous ne devons pas en conclure qu'il est vain de rechercher des lois précises.» Ce que cherche donc à faire le scientifique, c'est fournir des lois universelles sensées décrire, expliquer ou prédire les phénomènes sur lesquels il oriente la recherche en tenant compte de ses engagements ontologiques. Par les engagements ontologiques, les scientifiques précisent ce qu'ils considèrent comme réel dans leur objet de recherche. Par conséquent sans un positionnement, à priori, vis-à-vis de la question du déterminisme, et sans engagements ontologiques, eux-mêmes précisés à priori, aucune recherche scientifique ne peut commencer. Toutefois, en utilisant la méthodologie des programmes de recherches scientifiques développée par Imre Lakatos (mais, en réalité, c'est encore Karl Popper qui eut, le premier, l'idée de «programmes de recherche», dès 1936…), on pourrait trouver une valeur authentiquement scientifique dans la démarche de Sigmund Freud. Comment ? Lakatos propose que tout progrès de la connaissance débute et se maintient dans le cadre d'un programme de recherche qui a, grosso modo, la structure suivante : un programme de recherche «se compose de règles méthodologiques sur les voies de recherche à éviter (heuristique négative) ou à poursuivre (heuristique positive)» (Lakatos). Ensuite, il y a ce que Lakatos nomme, le «noyau dur» du programme. Ce noyau est en fait constitué des principales hypothèses de recherche, et se confond pratiquement avec ce que l'on appelle d'ordinaire les «engagements ontologiques». Donc l'heuristique négative, constituée de certaines règles méthodologiques, a pour but de détourner le modus tollens (le risque représenté par la confrontation aux faits) du noyau dur. Car, selon Lakatos, ou retrouve, dans tout programme de recherche, des anomalies, ou un «océan d'anomalies» (lakatos) qui pourraient décourager les chercheurs de continuer d'avancer, et les contraindre à abandonner, dès le début toute volonté d'initier un programme de recherche. Lakatos prévoit donc que les scientifiques mettent toute leur ingéniosité à formuler ou même à inventer des «hypothèses auxiliaires» formant un glacis protecteur autour du noyau dur (Lakatos). C'est en direction de ces hypothèses auxiliaires que doit être orienté le modus tollens, «ce sont elles qui doivent soutenir le choc des mises à l'épreuve et être adaptées, ou même remplacées de fond en comble pour défendre le noyau qu'on rend ainsi plus dur. Un programme de recherche rencontre le succès si tout cela conduit à un déplacement de problème progressif ; si le déplacement est dégénératif, il ne réussit pas.» En fait, tant que les hypothèses auxiliaires formant l'heuristique positive, résistent à des expériences cruciales internes au programme, ce dernier contribue à l'enrichissement et donc au progrès des connaissances scientifiques. Mais, dès que ces hypothèses auxiliaires ne parviennent plus à être corroborées, le programme, selon Lakatos, entrerait en dégénérescence pour être « supplanté » (Lakatos, emploie, habilement ce terme à la place de « réfuté ») par un programme concurrent. Lakatos : «Les programmes de recherche, même ceux dont le progrès est le plus rapide et régulier, ne peuvent digérer que partiellement leurs «éléments de contre preuve» : les anomalies ne s'épuisent jamais totalement. Mais il ne faudrait pas croire que des anomalies encore inexpliquées – des «énigmes», pourrait dire Kuhn – soient prises dans un ordre dû au hasard et que le glacis protecteur soit construit de façon éclectique, sans ordre préconçu; L'ordre est le plus souvent décidé dans le cabinet du théoricien, indépendamment des anomalies connues. Rares sont les théoriciens engagés dans un programme de recherche qui accordent une importance excessive aux «réfutations» ; leur politique de recherche à long terme s'attend à de telles réfutations. Cette politique, ou cet ordre de la recherche, s'exprime, avec plus ou moins de détails, dans l'heuristique positive du programme de recherche. L'heuristique négative spécifie le «noyau dur» du programme qui est «irréfutable» par la décision méthodologique de ceux qui l'ont proposé ; l'heuristique positive consiste en un ensemble de suggestions ou d'allusions partiellement articulé qui indique comment changer et développer les «variantes réfutables» du programme de recherche, comment modifier et raffiner le glacis protecteur «réfutable». L'heuristique positive du programme empêche l'homme de science de se perdre dans un océan d'anomalies. Elle établit un programme qui dresse la liste d'une chaîne de modèles de plus en plus compliqués simulant la réalité : l'homme de science attache toute son attention à construire ses modèles en suivant les instructions qui sont exposées dans la partie positive de son programme. Il ne s'occupe pas des contre-exemples réels, des «données» disponibles.» (Ceci, est, si l'on a bien compris Popper, une erreur fondamentale dans cette vision de la méthodologie des programmes de recherche que donne Lakatos. Popper a bien expliqué comment, parmi la sous-classe des énoncés de base pouvant réfuter potentiellement une théorie, les scientifiques choisissaient les énoncés de base «acceptés» comme pouvant être soumis à des tests. Il faut donc bien que les scientifiques tiennent compte, non seulement des contre-exemples virtuels, potentiellement déductibles de la théorie, mais aussi des contre-exemples réels. Et, parmi ces deux classes, il leur reste toujours à choisir des énoncés de base acceptés.)
Le déterminisme psychique absolu, monstre tricéphale de la théorie, de la pratique et de la propagande freudienne :
Même en tentant de faire entrer la psychanalyse dans le modèle de Lakatos, plutôt que dans celui de Popper, on constate que la psychanalyse ne s'en tire pas mieux. Puisque selon Lakatos, l'insuffisance d'un tel programme n'a pas cessé d'être démontrée au cours de son histoire, puisque même si le programme de recherche de Freud est «unifié» et «présente les grandes lignes du type de théories auxiliaires qu'il va utiliser pour absorber les anomalies, il invente, à tout coup, les véritables théories auxiliaires en réponse aux faits et sans, en même temps en prédire de nouveaux.» (Lakatos). Le « noyau dur » du programme de Freud est le déterminisme psychique absolu indissociablement lié à la théorie de l'inconscient et du refoulement. C'est, pourrait-on dire, un noyau dur « tricéphale ». C'est même, je le pense, (et contrairement à ce que disait Freud lui-même lorsqu'il affirmait que la théorie du refoulement était «la clé de voûte» de toute la psychanalyse), ce cerbère monstrueux qui permet, à tout coup, aux freudiens, de terroriser et de dévorer toute critique. Mais, la différence capitale avec un noyau dur scientifique, c'est que celui de Freud, du fait même de son caractère prima faciae et absolu donc interdisant tout hasard, (donc toute erreur possible), ne nécessite, en fait, aucune heuristique positive. Les hypothèses auxiliaires, dans le cas de la psychanalyse, ne peuvent, logiquement, avoir aucune portée prédictive, puisque toute sorte de confirmations, et uniquement des confirmations sont déjà déductibles à partir du noyau de départ ! Comme le dit Lakatos, (qui fut pourtant considéré tout à la fois comme un adversaire de Popper et un défenseur de celui-ci contre Kuhn), les hypothèses auxiliaires de la psychanalyse sortent du chapeau de Freud, toujours au bon moment, « en réponse aux faits », et elles sont donc toujours confirmées, soit parce qu'elles s'accordent bien directement aux faits qui ne peuvent pas ne pas être lus à la lumière de ces théories, ou, moyennant la manipulation ou la fabrication pure et simple des faits cliniques par le Père Fondateur… ; soit parce qu'elles permettent d'interpréter les contre-exemples en…exemples ou « nouvelles » confirmations de la théorie.
Bref, avec la théorie de Freud, impossible de perdre un pari sur les faits. Face à l'invincible interprétation freudienne, pour l'analyste face à son patient, c'est toujours : «pile, je gagne, face, tu perds !»
A n'en pas douter, oui, Freud était bien une sorte de « génie »…
Une version du déterminisme funeste pour toute la psychanalyse :
Mais la position de Freud sur cette question si cruciale du déterminisme fut fondamentalement erronée. Freud s'est appuyé, pendant toute sa carrière sur la version parfaitement intenable du déterminisme :
1°) Un déterminisme prima faciae. (Sans le caractère estimé à priori, ou prima faciae valide, donc opérant, de son déterminisme psychique absolu, Freud n'aurait pu proposer une théorie de l'inconscient qui en soit associée, et donc qui soit aussi opérante, d'emblée, pour exclure tout « hasard intérieur », tout « non-sens psychique », afin d'affirmer pouvoir retrouver les causes absolues de la formulation de tous les nombres et de tous les mots isolés, et aussi pour pouvoir anticiper, à priori, à des fins thérapeutiques, l'ensemble logiquement infini de toutes les associations libres que peut produire le genre humain. En somme le caractère prima faciae du déterminisme de Freud, fait de la théorie de l'inconscient, une théorie anticipatrice des associations libres et des comportements aux pouvoirs (prima faciae) illimités. S'ils ne l'étaient pas, Freud n'aurait pu affirmer appréhender les causes strictes et absolues des associations « libres » de chiffres constituant un nombre isolé formulé « au hasard ». En effet, comment faire pour anticiper, le hasard (!) logiquement induit par le libre jeu supposé des associations dites « libres », sans disposer d'une théorie dont le pouvoir anticipateur soit considéré comme prima faciae vérifié et dont la puissance de calcul exclue toute erreur possible ! (Contrôler le hasard, implique nécessairement exclure toute risque d'erreur aussi faible soit-il).
Mais au lieu d'un déterminisme prima faciae, Freud aurait pu proposer un déterminisme post faciae, comme idée directrice guidant des recherches contrôlées de manière indépendante et extra clinique vers la corroboration de lois universelles permettant de réaliser des classifications scientifiques, donc réfutables, et aussi logiquement provisoires, des associations verbales ou non verbales que peut réaliser le genre humain. Mais Freud, pressé qu'il était de s'imposer sur la scène scientifique internationale comme le « Galilée » de la psychologie de son temps, a sans doute jugé inévitable de bâtir un postulat qui le dispensait de justifier ses théories par des recherches expérimentales indépendantes (méthode expérimentale, qu'il rejeta, d'ailleurs, de façon très claire, dans cette fameuse réponse qu'il adressa à Rosensweig : « la richesse des observations fiables réalisées au cours de la cure analytique, les rendent indépendantes de toute vérification expérimentale ». Voilà qui est dit !). Egalement, une théorie de l'inconscient telle qu'il la revendiquait, n'était pas testable techniquement et de manière empirique à son époque, bien que d'autres théories l'étaient. L'IRM, le scanner, massivement utilisés de nos jours dans les neurosciences, n'existaient pas au temps de Freud ! La « solution » ne pouvait donc être que celle de cette affirmation délirante d'un prétendu déterminisme prima faciae, et absolu, donc excluant tout possibilité d'imprécision ou d'erreur de calcul dans ce qui peut constituer les conditions initiales nécessaires à la verbalisation d'une association de mots, d'un acte manqué, à la réalisation d'une oeuvre d'art, à l'origine d'une maladie mentale quelconque, ou de n'importe quel autre comportement humain.
Ce déterminisme offrait donc, aux yeux de Freud, tous les avantages, dont celui d'éviter de faire sombrer la justification des fondements de la psychanalyse tels que l'inconscient et le refoulement dans une régression à l'infini, puisque le déterminisme tel que le présentait Freud, en tant que socle dur et absolu prima faciae de tout l'édifice, ne nécessitait pas un autre soutènement plus solide encore pour sa propre justification, et ainsi de suite. Mais du même coup, ce postulat aprioriste, en ce qu'il permettait de voir partout des confirmations ou des vérifications de la théorie, sans en passer d'abord, par des tests indépendants et intersubjectifs, empêchait Freud, d'engager les théories de la psychanalyse sur la voie d'une progression à l'infini, c'est-à-dire, sur la Voie de la Science, qui progresse toujours par conjectures et réfutations à l'aide de tests. A la différence de Laplace, qui concevait sa version du déterminisme à titre d'hypothèse qui, si on pouvait la réaliser, donnerait lieu à l'omniscience, le déterminisme prima faciae et absolu de Freud, ne fonctionnait donc absolument pas comme une hypothèse métaphysique utile à des voies de recherche aux qualités réellement heuristiques, mais comme un dogme. Donc…
2°) Un déterminisme qui ne pouvait qu'être absolu et excluant toute forme de hasard, donc toute forme possible d'imprécision. Comme il l'a martelé dans plusieurs livres, Freud avait une «foi inébranlable» dans ce déterminisme complètement intenable. Il affirmait ne pas croire au «hasard intérieur», et au «non-sens psychique», (selon lui, seul le superstitieux y croyait) et prétendait que les nombres et les mots isolés, étaient les meilleurs exemples du déterminisme psychique absolu.
J'ai démontré, en m'appuyant sur la dévastation que fait Popper du déterminisme scientifique, et aussi à partir des écrits de Jacques Bouveresse, que loin d'être les meilleurs exemples permettant d'illustrer sinon de prouver le déterminisme psychique absolu, c'est-à-dire ce qui constitue le fondement de la théorie de l'inconscient, du refoulement et de la pratique thérapeutique d'interprétation des associations dites libres, les exemples des mots et des nombres isolés démontrent, au contraire, de façon cruelle, l'impossibilité totale de cette version du déterminisme, et, du même coup d'une théorie de l'inconscient qui serait fondée à partir d'elle…et aussi, d'une pratique thérapeutique qui en serait aussi inévitablement issue, puisque seule une version aussi absolue du déterminisme peut prétendre anticiper, englober l'ensemble infini de toutes les associations que peut faire un être humain, si celles-ci sont vraiment libres, et non le fruit de la suggestion du thérapeute !
…Une issue invariablement fatale :
Tout cela amène certaines conclusions :
1°) Il n'y a pas, dans les écrits de la psychanalyse freudienne d'hier et d'aujourd'hui de théorie de l'inconscient qui puisse se concevoir sans la version fatale pour elle du déterminisme qui l'accompagne : un déterminisme psychique absolu, prima faciae, excluant tout hasard et «valable sans exception». Cette version du déterminisme, est insoutenable, dans tous les cas possibles. Elle ne peut conduire à la réussite d'aucun projet de quelque nature que ce soit (description, explication, prédiction…). Aucune science, aucune pratique thérapeutique ne peut être validée à partir d'elle.
2°) Donc il n'y a pas de psychanalyse sans cette version intenable du déterminisme. Ce qui implique qu'il n'y a pas de psychanalyse qui ne crée, dès le départ, sa propre impossibilité ! Freud à mal positionné la psychanalyse toute entière (théorie et pratique thérapeutique) par rapport au déterminisme. Du fait de la position qu'il lui a donnée, il lui a empêché, à la fois d'être une corpus théorique permettant de fournir des causes corroborées plutôt que des raisons de croire en certains phénomènes, donc d'être une authentique science de l'inconscient capable de faire de véritables prédictions, et de fournir de véritables descriptions et explications universelles pouvant donner lieu à des prédictions thérapeutiques efficaces. En effet, je cite Jacques Bouveresse : « Il y a évidemment une différence considérable entre la certitude que la vie mentale elle-même doit être considérée comme gouvernée intégralement par le principe de causalité et la possibilité de formuler des lois causales précises qui rendent compte de ce qui s'y passe. De toute façon, même si l'on était tenté de croire que Freud a effectivement réussi, comme il le suggère, à soumettre à des lois causales rigoureuses, des événements qui semblaient jusque-là inexplicables ou fortuits, on devrait tout de même admettre que la connaissance des causes, que la psychanalyse prétend détenir, est d'une manière générale bien incapable d'autoriser le genre de prédiction qu'exigerait la thèse du déterminisme scientifique, si on la comprend à la façon de Popper. Tout au plus la psychanalyse pourrait-elle, sur la base d'une certaine connaissance acquise par la méthode spécifique qu'elle utilise, de la constitution particulière de l'inconscient du sujet, indiquer au départ que des événements ou des comportements d'un certain type (rêves, lapsus, oublis, actes manqués, jeux de mots, etc., de telle ou telle espèce) sont susceptibles de se produire avec une certaine probabilité et rendre intelligible, une fois qu'il s'est produit, tel ou tel d'entre eux. Mais, pour avoir une chance d'expliquer, par exemple, l'occurrence de tel ou tel jeu de mots précis, il faudrait évidemment faire intervenir une quantité d'autres facteurs dont la psychanalyse ne dit rien et dont nous ne savons généralement à peu près rien ».
Bref, au lieu de fournir des interprétations fameuses sur des nombres isolés à 6 chiffres que l'on trouve dans la « Psychopathologie de la vie quotidienne », Freud aurait dû, si vraiment son déterminisme avait une portée explicative et prédictive réelle, analyser l'inconscient d'un de ses patients, et faire des prédictions sur un nombre isolé ou un mot isolé, mais, en respectant les exigences de sa théorie déterministe, c'est-à-dire en stipulant à l'avance, comment il calcule le degré de précision requis pour le calcul des conditions initiales de la prédiction, et ce, avec n'importe quel degré de précision !
Projet impossible.
Et comme le démontre Popper, le déterminisme scientifique, n'est d'aucune utilité pour la science, il ne peut avoir aucune valeur explicative.
…Les mots et les nombres comme « meilleurs exemples » du déterminisme freudien :
Freud était obligé de dire, après avoir postulé un tel déterminisme, que tous les nombres et tous les mots sont rigoureusement déterminés par l'inconscient. Mais si tel est bien le cas, alors, un nombre à 1000 chiffres, ou plus, est lui aussi déterminé sans aucune place pour le «hasard intérieur», et la psychanalyse doit donc être capable d'interpréter et même de dégager les causes psychosexuelles strictes qui ont motivé un individu à taper, par exemple ce nombre : 56498714197164154618416678914561654. Elle doit être capable, aussi, d'en faire la prédiction ! C'est bien «Moi» qui est tapé ce nombre. Mais pour Freud, c'est «l'Autre» qui imposé ses lois strictes à mon «Moi» pour lui permettre de taper ce nombre, et ce «Moi» est en partie inconscient pour Freud. En tous cas, «il n'est pas le maître en sa maison». Le maître absolu, c'est «l'Autre», le sujet du «je» : l'inconscient. (N'oublions pas que si c'est bien une «science de l'inconscient» que Freud prétendait fonder, alors il doit, retrouver les causes plutôt que les raisons qui ont poussé à la formulation d'un tel nombre,…mais aussi être capable de le prédire, ou d'en prédire n'importe quel autre !). Cela veut dire que la psychanalyse, si on a bien compris ce qu'écrit Freud dans la « Psychopathologie de la vie quotidienne », rend l'analyste capable de fournir les causes strictes, certaines, de la place de chaque chiffre dans ce nombre, ou dans n'importe quel autre nombre que je pourrais formuler !
Cet état de chose n'est pas une vision hystérique ou fantasmée de la théorie de Freud.
Pour preuve, outre les exemples d'interprétations de nombres et de mots isolés que l'on trouve dans le chapitre 12 de « Psychopathologie de la vie quotidienne » de Freud, je cite tout de même Lacan qui confirme la croyance de Freud dans le déterminisme absolu s'appliquant aux nombres, et l'importance cruciale de ces derniers, selon Lacan, pour comprendre le déterminisme inconscient : «C'est à celui qui n'a pas approfondi la nature du langage que l'expérience d'association sur les nombres pourra démontrer d'emblée ce qu'il est essentiel ici de saisir, à savoir la puissance combinatoire qui en agence les équivoques, et pour y reconnaître le ressort propre à l'inconscient. En effet, si des nombres obtenus par coupure dans la suite des chiffres du nombre choisi, de leur mariage par toutes les opérations de l'arithmétique, voire de la division répétée du nombre originel par l'un des nombres scissipares, les nombres résultants s'avèrent symbolisants entre tous dans l'histoire propre du sujet, c'est qu'ils étaient déjà latents au choix où ils ont pris leur départ.» (A la lumière de ce qu'à écrit Freud lui-même il est impossible de nier que la croyance dans le déterminisme absolu excluant le hasard fut d'une importance cruciale pour lui pendant toute sa vie, et les nombres et les mots isolés devaient en être les «meilleurs exemples», chose qu'il a écrite, noir sur blanc, dans la « Psychopathologie de la vie quotidienne »).
Donc, «qui peut le plus, peut le moins».
C'est sans doute ce à quoi a pensé Freud.
Le déterminisme psychique, le problème des classifications, et la pratique thérapeutique :
En effet, si la psychanalyse peut retrouver les causes strictes, excluant tout hasard, dans la formulation apparemment arbitraire pour Freud, d'un nombre isolé (ce qui revient à retrouver les causes de l'occurrence d'un grain de sable au fond de l'océan), alors pourquoi ne pourrait-elle retrouver les causes d'une verbalisation beaucoup plus «signifiante» telle qu'une phrase complète, énoncée au cours de la cure ? Le problème c'est que les phrases constituées, et énoncées au cours de la cure analytique ne peuvent jamais être totalement indépendantes de la menace de la suggestion et de la manipulation par le thérapeute. Déjà, le simple fait de choisir d'aller chez un analyste plutôt que chez un comportementaliste, induit le patient à répondre dans le sens des théories de Freud. Alors que pour les nombres et les mots isolés ç'eut été tout autre chose, si Freud avait pu réaliser un projet de prédiction sur la base du déterminisme psychique absolu. Mais c'était impossible, et cela restera, à jamais impossible, pour des raisons qui tiennent de la stricte logique (Cf. Karl Popper in : «L'univers irrésolu, plaidoyer pour l'indéterminisme»)
Et puis n'oublions pas cette autre chose essentielle : le but d'une science est de fournir des classifications. On peut même avancer qu'un résultat scientifique acceptable aboutit toujours à une nouvelle classification qui en réfute une ancienne, soit en l'augmentant, soit en démontrant le caractère fondamentalement erroné d'un ou plusieurs des éléments de l'ancienne classification. Que serait donc la physique des particules s'il n'y avait aucune loi corroborée permettant de discriminer les particules afin de nous permettre de les distinguer les unes par rapport aux autres ? Que serait la connaissance des insectes, des poissons, des virus, des tumeurs, des plantes, des étoiles, bref, de tous les phénomènes naturels, sans des lois qui, étant logiquement des discriminations ou des interdictions, permettent de les distinguer entre eux (discriminer équivaut à distinguer, mettre à part) ? Mais que serait, plus généralement notre connaissance du Monde s'il n'y avait rien pour discriminer, entre eux, les divers phénomènes qui le composent ? Et que serions-nous dans un tel univers ? A peu près rien. Même pas des hommes préhistoriques, même pas des animaux. Toute connaissance universelle, revient donc à discriminer, à classifier. C'est logiquement inévitable. La logique rend nécessaire l'existence d'au moins deux termes universels différents, pour parvenir à distinguer deux phénomènes ou deux objets du Monde 1 différents (Le monde des objets physique de la Nature pour Karl Popper), sinon nous ne faisons aucune différence entre le ciel et la Terre. Si «les nombres» (Freud) et «tous les mots» (Freud), sont rigoureusement déterminés en excluant toute forme de «hasard intérieur» et tout «non-sens psychique» (Freud), il n'est plus possible, dans un univers à priori aussi indéfini, de distinguer ou de classifier quoique ce soit, puisque l'ensemble des phénomènes pouvant être objets d'études est à considérer, à priori, dans son infinie totalité ! Ainsi, le domaine qui touchait aux «meilleurs exemples» (Freud) du déterminisme psychique absolu illustrant la théorie de l'inconscient, est aussi le domaine le plus inconnaissable qui soit. Si donc on prend au pied de la lettre ce qu'affirme Freud, on finit par démontrer inévitablement que les nombres et les mots isolés sont «les meilleurs exemples» du caractère totalement inconnaissable de l'inconscient tel qu'il l'a proposé.
Comment faire, alors, pour initier le moindre projet de description d'un fait psychique ou d'un comportement humain, ou le moindre projet de prédiction thérapeutique à partir d'une théorie qui ne permet de rien voir d'autre que les propres préjugés et fantasmes de celui qui l'utilise, puisqu'elle touche, à priori, à l'inconnaissable ? La science doit aboutir à des classifications reposant sur des concepts universels et des énoncés universels au sens strict corroborés par des tests, classifications sans lesquelles elle ne peut reconnaître, distinguer les objets de ses recherches. Ces classifications permettent des projets de toute sorte, et, notamment, des projets de description. Grâce aux classifications, nécessairement universelles d'une science, nous pouvons prédire la description d'un objet appartenant à une classification. Par exemple nous pouvons prédire à quoi devra ressembler le prochain cygne blanc que nous observerons sous certaines conditions initiales particulières (à quoi ressemblera son bec, ses plumes, ses pattes, mais aussi son appareil digestif, son cerveau, son mode de reproduction, son vol, ses os, etc.). Et ce projet sera soit réfuté, soit confirmé par notre classification déjà établie. Si ce projet est réfuté, c'est que notre classification initiale doit être reconsidérée dans son contenu et nous apprenons quelque chose de nouveau. Si le projet est confirmé, nous n'apprenons rien de nouveau.
Partant de là, il est évident que Freud, ne pouvait fournir aucune classification des associations humaines à partir de son déterminisme absolu, autres que celles existant déjà, quelles soient verbales ou d'une autre nature (comme des dessins d'enfants, des toiles de Maître, des sculptures, des oeuvres littéraires, etc…), à partir du moment où ce même déterminisme absolu excluant tout hasard, le conduit logiquement à proposer d'investiguer ces associations, mais en tant qu'elles seraient initialement et fondamentalement «libres» de présenter toutes les combinaisons possibles et imaginables ! En effet, il faut répéter que si «tous les mots», sont déterminés de façon absolue sans place pour le hasard, et si le patient doit verbaliser «librement» n'importe quel mot, (même, et surtout ceux, en apparence, absurdes), alors, toutes les combinaisons de lettres, de syllabes, et quel qu'en soit le nombre et/ou l'ordre dans un mot, sont admissibles, et ne peuvent donc être «classifiées». Le problème est, évidemment, strictement le même, s'agissant des nombres.
Si elles sont « libres », impossible de classifier des associations de lettres ou de chiffres constituant des mots ou des nombres, donc d'avoir une réelle connaissance sur elles, et donc de faire un travail thérapeutique réellement efficace à partir d'elles, puisque nous ne pouvons connaître les lois causales induites par les caractéristiques propres à chaque association possible, dès lors qu'aucune classification n'existe pour justement rendre compte de ces caractéristiques ! Freud, aurait pu proposer des classifications de nombres et de mots isolés, en fonction des états névrotiques ou des psychoses, comme un scientifique qui étudie les particules aurait classifié les électrons, les atomes, etc… Mais il s'est lui-même, dès le départ, interdit ce projet éminemment scientifique, à cause, répétons-le de ses engagements vis-à-vis du déterminisme. Il a donc fait de sa « science privée » un projet mort-né de science objective, c'est-à-dire de science au sens courant du terme.
Les mots et les nombres et l'impossibilité de tester le déterminisme psychique absolu :
En réalité, les nombres et les mots isolés, sont, comme l'avait bien sentit Freud, non les «meilleurs exemples» mais «les seuls exemples» qui auraient pu corroborer sa théorie de l'inconscient indissociable de son déterminisme spécifique. Tout reposait donc sur eux. Pourquoi ? Parce que, comme je l'ai déjà écrit plus haut, il eut été possible d'organiser des tests indépendants qui soient protégés bien plus efficacement de tout risque de suggestion qu'une phrase constituée et jugée significativement intéressante pour la théorie ! Freud (in : « Psychopathologie de la vie quotidienne ». Chapitre 12) : « Je veux insister sur les analyses de « cas de nombres », car je ne connais pas d'autres observations qui fassent apparaître avec autant d'évidence l'existence de processus intellectuels très compliqués, complètement extérieurs à la conscience ; et d'autre part, ces cas fournissent les meilleurs exemples d'analyses dans lesquelles la collaboration si souvent incriminée du médecin (suggestion) peut être exclue avec une certitude à peu près absolue. » Freud aurait donc dû proposer un test, ou une série de tests extra-cliniques, indépendants et intersubjectifs, permettant de corroborer sa théorie de l'inconscient (donc le déterminisme psychique prima faciae et absolu) à partir de projet de prédiction sur des nombres ou des mots isolés formulés par un échantillon de patients. Faire des tests sur des rêves, ou même sur des phrases déjà « signifiantes » d'un point de vue psycho-sexuel, parce que contenant des termes ou faisant référence à des affects de nature sexuelle, eut été, à la base, problématique, relativement à la menace critique de la suggestion de ces phrases ou de ces rêves par le thérapeute-expérimentateur, voire par le contexte même (freudien) de l'expérimentation, déjà très suggestif en lui-même (le divan, etc.). Il faut donc souligner encore, avec Freud, que seuls les nombres et les mots isolés, dégagés de tout contexte suggestif, pouvaient apporter les preuves du déterminisme prima faciae et absolu. Il n'y avait pas d'autre solution. Et quand bien même on passerait outre les preuves expérimentales de ce que Freud avance, on eut pu lui demander, ne serait-ce que des preuves statistiques. Or, dans cet ordre d'idées, voici ce qu'il écrivit dans le livre cité plus avant, c'est magnifique : « Depuis ce premier exemple de motivation d'un nombre, choisi avec toutes les apparences de l'arbitraire (l'arbitraire pour Freud équivaut au choix conscient qui serait permis par le libre arbitre dont Freud nie explicitement l'existence), j'ai reproduit l'expérience (!) à plusieurs reprises, avec des nombres différents et toujours avec le même succès ; mais la plupart des cas sont d'un caractère trop intime pour que je puisse les publier. » On ne peut qu'être médusé à la lecture de ces dernières allégations de Freud. Comment celui qui prétendait faire science avec la psychanalyse, et égaler un Galilée, pouvait-il ainsi justifier d'éviter de fournir des preuves de ses recherches à ses contemporains, arguant du fait que les éléments possibles de preuves seraient d'un « caractère trop intime » ? En quoi la science, qui par définition se veut être ouverte à la discussion critique objective, peut-elle se justifier épistémiquement parlant, sur la base de telles pratiques qui vont dans le sens diamétralement opposé à la mise en commun de ses résultats ? En bref, est-ce que celui qui affirmait aussi n'être qu'un « Conquistador », pouvait, en même temps revendiquer le statut de « scientifique », en adoptant une rhétorique destinée à soustraire les résultats de ses « recherches » à tout contrôle intersubjectif ? Voilà encore un exemple typique venant apporter une preuve tangible que la psychanalyse ne fut jamais que la « science privée de Freud ».
Mais aucune science, ne peut et ne doit demeurer « privée ». La question des tests intersubjectifs et indépendants, en Science, demeure donc toujours essentielle. A cette question-là, Einstein et tous les grands scientifiques s'y sont soumis et s'y soumettent consciemment et volontairement. Car ils savent qu'il ne peut y avoir de Science sans le recours à des tests dont la nature ne peut absolument pas demeurer privée. Des tests dont la logique conduit à la réfutation ou à la corroboration des théories. Mais comment imaginer un test sur la base d'une telle position déterministe qui exige que le prédicteur soit capable de rendre compte de n'importe quel degré de précision dans le calcul des conditions initiales avant la réalisation du projet de prédiction, de telle sorte que cela priverait le prédicteur du droit de plaider que les conditions initiales n'étaient pas « suffisamment » précises en cas d'échec de son projet, dû à une erreur, aussi infinitésimale soit-elle (puisque même ce genre d'erreur, non tolérée, en principe, par le déterminisme excluant tout hasard, permettrait d'affirmer la différence entre deux résultats de prédiction) ?! Seul Dieu le Père le pourrait, ou le Démon de Laplace ! (Pour cette question importante des problèmes insolubles liés aux possibilités de construire des projets de prédiction conformes aux ambitions d'un déterminisme «scientifique», il conviendra de se reporter aux explications de Karl Popper, concernant ce qu'il nomme le «principe de responsabilité renforcé » dans son chef d'oeuvre intitulé : « L'univers irrésolu, plaidoyer pour l'indéterminisme». Editions Hermann. Les éléments critiques du déterminisme contenus dans cet ouvrage sont des armes mortelles contre tout l'édifice freudien, et ce, de la théorie jusqu'à la pratique thérapeutique). On ne peut donc prétendre avoir testé les théories fondamentales de la psychanalyse (l'inconscient, le refoulement, le transfert) sans tenir compte de la croyance principale de Freud qui fut aussi sa « foi absolue », comme il l'écrivit lui-même, laquelle l'accompagna pendant toute sa carrière : le déterminisme psychique absolu. Ce serait, en effet, complètement dénaturer ces théories et les vider de leur substantifique moelle. Donc on ne peut pas tester la psychanalyse. On ne peut pas soumettre à des tests la théorie de l'inconscient de Freud…pour en démontrer la valeur descriptive, explicative et prédictive.
La Boîte de Pandore :
La psychanalyse, du fait du postulat déterministe spécifique que Freud lui a donné, est dans la situation logique qui consiste à ne pouvoir rechercher et ne trouver que des confirmations et non des corroborations de la théorie. Et Freud et les freudiens, se sont donc placés, du fait même des fondements théoriques absolus qui furent les leurs, dans une position qui ne pouvait être différente du discours dogmatique excommuniant toute critique, du discours obscurantiste et pseudo scientifique, du discours mythique, et des pratiques charlatanesques. Ce sont aussi les raisons pour lesquelles, la défense de telles positions et de telles pratiques, ne pouvait éviter de recourir à la construction de légendes autour d'un «héros isolé» et patriarcal de la théorie, et aussi autour de la théorie elle-même (Cf. Jacques Bénesteau in : «Mensonges freudiens. Histoire d'une désinformation séculaire». Mardaga). Enfin le maintien de ces légendes exigea et exige encore le recours à la fabrication, aux mensonges, à la rétention des informations, à la désinformation, puis, au terrorisme intellectuel, lequel n'hésite pas à avoir recours à la diffamation, à l'insulte, la calomnie, la pathologisation, et la diabolisation des adversaires éclairés et érudits (les «Freud Scholars») de la poulpesque mythologie freudienne.
Tous ces mauvais génies sont issus, selon nous, de la même boîte de Pandore : le déterminisme prima faciae et absolu. Ainsi, comme on le voit, tout ce tient. Tout est lié.
Des présupposés théoriques jusqu'aux comportements sociaux des membres de ce qui n'est rien d'autre qu'une secte. [Je cite Jacques Bouveresse, in « Mythologie, philosophie et pseudo-science. Wittgenstein lecteur de Freud « : « (…) Comme l'ont souvent fait remarquer les anthropologues (en particulier Lévi-Strauss), la pensée magique ne se caractérise pas par la négation du déterminisme, mais plutôt par l'adhésion à une forme universelle et particulièrement rigoureuse de déterminisme. Elle exclut le hasard et l'accident de façon beaucoup plus définitive et radicale que ne pourrait le faire la croyance scientifique à l'existence de lois naturelles qui déterminent le cours des événements. Timpanaro soutient avec raison que, dans le cas de Freud, les convictions déterministes invoquées, comme il se doit, au niveau de la « science abstraite « n'empêchent pas par elles-mêmes les explications causales détaillées qui sont proposées pour des cas particuliers de relever, somme toute, beaucoup moins de la science proprement dite que de la « magie concrète «].
Les sectes nécessitent un gourou, lequel nécessite la construction de légendes héroïques autour de sa personne. Un vrai culte de la personnalité. Un gourou nécessite à son tour des dogmes et des charlatans pour les propager. Les dogmes nécessitent l'éradication de la critique et l'exclusion des récalcitrants. Le maintient des dogmes et du gourou nécessitent des rituels (le divan, le « Comité Secret «, la bague offerte par Freud, la « passe «, le paiement en liquide, « gaz hilarant « des freudiens, etc.), le recours à l'obscurantisme (par exemple le rejet explicite et non équivoque de la méthode expérimentale par Freud), aux mensonges, à la désinformation, à la rétention des informations (comme certaines archives de Freud qui furent bloquées, jusqu'en 2113 !) à la diffamation contre les adversaires, (aux attaques ad hominem), et encore au terrorisme intellectuel. Par ailleurs l'infiltration et le maintient de la psychanalyse et de l'adoration des totems freudiens dans notre société, nécessitent donc aussi une démarche totalitaire.
Je cite Freud : «La psychanalyse est comme le Dieu de l'Ancien Testament, elle ne peut tolérer qu'il y ait d'autres dieux.». Freud : «Ma situation a quelque chose d'effrayant car ce n'est pas une mince affaire que d'avoir toute l'humanité comme patient.» Freud, comme tous les gourous, c'est lui aussi, cru investit d'un destin messianique. Le caractère totalitaire de la psychanalyse s'exprime, bien sûr particulièrement bien dans sa capacité à se démultiplier en diverses variantes. A pouvoir ainsi étendre son discours partout et sur tout. Absolument tout. Il n'est pas un seul domaine touchant aux activités humaines, sur lequel la psychanalyse ne puisse avoir son mot à dire grâce à sa boule de cristal. Elle serait même capable de psychanalyser la logique, l'épistémologie, pour en rejeter la tradition et se fabriquer sa propre épistémologie, en vase clos. En dehors, bien entendu, de tout cadre qui risquerait de la mettre à mal.
La psychanalyse peut analyser le génie. Elle prétend expliquer le génie de Léonard de Vinci par exemple ! (Bénesteau). Mais si elle a, prétendument un tel pouvoir, parce qu'elle disposerait en plus de ce qu'une vraie science ne dispose pas, à savoir des lois causales explicatives, descriptives et prédictives, strictes et absolues, pourquoi, alors, ne pourrait-elle prédire le génie avec n'importe quel degré de précision ? Et par suite, pourquoi ne pourrait-elle prédire l'évolution des connaissances scientifiques ? Compte tenu de ce qu'elle revendique en théorie, on est parfaitement en droit, de lui demander de telles preuves (qui demeurent logiquement impossible à fournir !). Et ce, bien que les freudiens le contestent. La psychanalyse, si on suit ses ambitions déterministes au pied de la lettre possède donc, intrinsèquement le pouvoir de l'omniscience, puisque si elle prétend retrouver les causes strictes ou absolues d'un mot ou d'un nombre isolé formulé au hasard, jusque dans la combinatoire même des membres qui peuvent composer le mot ou le nombre, elle doit, en tant que science, retrouver les causes tout aussi strictes et absolues qui ont «motivé» Albert Einstein à la formulation d'une association de signes telle que par exemple : E = mc², ou même prédire la formulation par n'importe quel savant de ce genre de formule, sans aucun risque d'erreur.
La psychanalyse, a donc bien, selon son déterminisme absolu, le pouvoir du Démon de Laplace, tout en étant plus laplacienne encore que ne l'était Laplace lui-même s'agissant de cette version du déterminisme qu'il entrevoyait seulement à titre métaphysique. Puisque la psychanalyse peut dire son mot sur tout, s'adapter à tout, à toutes les époques, à tous les discours, à toutes les critiques, elle n'est plus rien du tout à force de vouloir être tout et n'importe quoi (Borch-Jacobsen). Grâce à ses pouvoirs illimités, la psychanalyse peut présenter une offre thérapeutique qui peut toujours correspondre à la demande (Borch-Jacobsen). C'est la raison, pour laquelle elle recrute toujours autant de patients et d'alliés (Borch-Jacobsen). Mais c'est aussi la raison pour laquelle la psychanalyse n'est qu'une « théorie zéro « (Borch-Jacobsen). Je le cite : (In : « Le livre Noir de la psychanalyse «) : « Voilà le grand secret du succès de la psychanalyse, que la légende freudienne a si longtemps caché : il n'y a jamais eu la « psychanalyse «, seulement une myriade de conversations thérapeutiques aussi diverses que leurs participants. La psychanalyse, c'est très exactement tout et n'importe quoi – parce que n'importe quoi. »
Mais, afin de rendre à César ce qui lui appartient, laissons donc, ici, le dernier mot à Jacques Bénesteau. Je le cite, dans «Mensonges freudiens.» : «L'immuable Ecole du Rien, qui se voulait science du fantasme et science de l'âme, est bien un fantasme, non une science et n'a pas d'âme. Elle avait certes de nombreux élèves, qui ne pouvaient assurer aucune victoire avec du Rien dans le monde vivant. La vérité ne se divise pas, et ne se multiplie pas. La fidélité des soldats à leurs dogmes et à leurs rites ne fait pas leur validité. Les croisés pouvaient aussi se rassembler dans l'adhésion à la doctrine de la résurrection du Christ, mais leur accord démocratique n'augmenta pas significativement les chances de résurrection du Sauveur, empêchée par des lois bien naturelles, auxquelles les combattants de la juste mission, quels que fussent leurs nombres et la force de leur conviction vociférée, ne purent échapper.»
Pour conclure, l'infalsifiabilité de la psychanalyse. La psychanalyse n'est pas une science :
Ce qui fait la force d'une théorie, (en donnant des informations sur son contenu descriptif, explicatif, et prédictif), ce ne sont pas les confirmations, mais les corroborations que la théorie à obtenues. Les freudiens ne paraissent toujours pas comprendre cette différence logique fondamentale entre confirmation et corroboration. Il faut la confirmation expérimentale d'un énoncé de base, comme falsificateur potentiel d'une théorie que l'on soumet à un test, pour que cette théorie soit falsifiée (ou réfutée, ce qui revient strictement au même). Il faut une infirmation expérimentale d'un énoncé de base, comme falsificateur potentiel d'une théorie que l'on soumet à un test, pour que cette théorie soit corroborée. Car, si un énoncé singulier de base, représentant un événement singulier potentiellement capable de réfuter une théorie, se trouve confirmé de manière intersubjective par un test indépendant et reproductible, alors, la théorie est réfutée. Dans le cas inverse, elle est corroborée. Une théorie telle que celle de l'inconscient freudien qui ne peut se passer d'une conception viciée du déterminisme, ne peut admettre aucune sous-classe de falsificateur virtuel. Donc, logiquement, elle ne peut pas ne pas trouver partout, et qu'elles qu'en soient les conditions, des confirmations de toutes sortes, aussi potentiellement contradictoires et ambivalentes soient-elles. En fait, la sous-classe des énoncés de base permis par la théorie de l'inconscient freudien associée au déterminisme absolu est logiquement illimitée. Pour cette raison, cette théorie ne peut donner aucune valeur descriptive, explicative ou prédictive à l'inconscient, tel que le conçoivent Freud et ses suiveurs.
Un naufrage ?
L'infalsifiabilité de la psychanalyse, étroitement liée à sa position vis-à-vis du déterminisme, reste son talon d'Achille. On peut même dire que le déterminisme psychique absolu et prima faciae, pierre de touche de la psychanalyse, en est aussi sa pierre tombale. A cause de lui, tout le projet de Freud est un projet qui échoue, par nature, avant même d'avoir pu commencer. Le bateau freudien n'a jamais fait naufrage. Car il n'est jamais sortit du port. Et il n'est jamais sortit du port faute de cartes bien corroborées lui permettant d'aller naviguer dans les eaux troubles de l'âme humaine. Olivier Gaiffe écrit : « Jamais le bateau freudien n'a quitté le port, ni pour s'enrichir des marchandises dont l'Odyssée de l'expérience aurait pu le charger ; ni pour éprouver la solidité de sa coque sur la crête incisive des faits. La psychanalyse est bel et bien un dogmatisme, au sens de Bacon : « Le dogmatique, tel l'araignée, tisse des toiles dont la matière est extraite de sa propre substance. » Francis Bacon, Novum Organum (1620), livre I, aphorisme 95. Sa grille de lecture, ce réseau conceptuel, cette toile souple ne retient que ce qui s'y colle. Pour l'araignée, aveugle et sourde, rien n'existe que ce qui fait vibrer sa toile en s'y fixant. Ce qui passe au travers de ce filet qu'elle a créé seule, sans le concours du monde extérieur, ne saurait exister : elle ne le perçoit pas, pas plus qu'elle ne peut en tirer sa nourriture. C'est pourquoi, si pour nous la psychanalyse « n'a jamais eu lieu », pour le psychanalyste, rien n'a jamais eu lieu qu'elle n'ait pu interpréter. Comme le marxisme, d'ailleurs, qui a les mêmes prétentions ». « La légende freudienne s'efface lentement devant nos yeux et avec elle la psychanalyse, pour laisser la place à d'autres modes culturelles, à d'autres conversations thérapeutiques. Hâtons-nous de l'étudier pendant qu'il est encore temps, car bientôt nous ne saurons sans doute même plus ce qu'aura été la psychanalyse – et pour cause : elle n'a jamais eu lieu. » (Mikkel Borch-Jacobsen & Sonu Shamdasani. In : «Le dossier Freud. Enquête sur l'histoire de la psychanalyse.»).
Patrice Van den Reysen (7 juillet 2006).

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