Muse comme musique

Muse comme musique

Alors que je croyais la « pop music » disparue et le rock en berne, bien que Placebo – dont la compile tourne chez moi ces temps ci – ne soit pas en reste, voilà que vint à mes oreilles Butterflies & Hurricanes du groupe Muse. Du moins sa version remix qu’on peut entendre sur Le Mouv’ (la radio scotchée dans la voiture). Rentrant d’un week-end, toute la famille sommeillait dans la voiture et le morceau me frappa immédiatement. Malgré un système sonore embarqué peu généreux, j’entendis des sonorités d’antan, des guitares saturées, une voix bien posée…

Depuis, le single est arrivé sur ma chaîne accompagné de l’album Absolution sorti en 2003 (oui, je ne suis pas up to date !). La claque !

D’abord captivé par la cohérence des morceaux qui se succèdent, j’entrevois au fur et à mesure des écoutes des influences qui sont totalement miennes (en tant qu’auditeur). Queen bien sûr, avec des références évidentes au « rock opera » (riffs en arpège à la Brian May, coeurs) et une voix mercurienne, pour reprendre les termes de mon frère.

Matthew Bellamy est le nom du chanteur, guitaristes, pianiste, auteur, compositeur (associé) de ce groupe hors norme. A ce titre, il l’est peut-être moins vocalement que Freddy Mercury, qui fut probablement le meilleur de son époque, mais son talent s’étend bien au delà de la performance vocale.

Il y a aussi du Floyd dans certaines sonorités (je pense à Ruled by Secrecy), du Iron Maiden ou Judas Priest dans la façon de faire pleurer, virevolter les guitares, du Rainbow dans l’approche mélodique (Stockholm syndrome en serait le plus proche exemple) et du U2, évidemment. Des vieux pots tout ça, oui… mais pas des pots pourris !

Ils sont trois comme le grand Police1 et anglais comme [tous] les meilleurs groupes de pop-rock ; pour faire dans le pompeux ils amènent enfin au XXIè siècle ce qui lui manquait : de la musique limpide, lyrique, mélodique, puissante. Moi (je) ça me manquait ! Probablement trop « hard » par moment pour contenter toutes les oreilles de 7 à 77 ans, mais de quoi en faire sombrer plus d’un dans l’orgasme acoustique… il faut dire qu’à cette heure, le titre Butterflies & Hurricanes2 est n°1 dans le top du Mouv3 : je ne suis donc pas seul en France à penser que ce morceau mérite les éloges. Sing for absolution avait déjà enchanté quelques auditeurs branchés au début de l’année, mais ce titre ne m’avait pas encore attrapé au vol, au même niveau céleste que les papillons de Muse : j’y avais entendu quelques mesures intéressantes, mais pas aussi irrémédiablement hypnotique que le reste de l’album.

Troisième opus, Absolution semble démontrer que Muse n’est pas de ces étoiles filantes lavasses proposées par les émissions « soupe populaire de la clé de Sol » ou encore par un producteur de major – dont Muse ne fait pas partie à ce jour4 – assoiffé de fric vite fait mal fait.

La production des trois lascars tient du « revu et corrigé » mais avec un tel brio que ça en devient nouveau : je pointe ici la différence ténue entre créativité et nouveauté (bien qu’il ne s’agisse pas de défendre leur point de vue artistique). La zique de Muse est un savant mélange entre lignes mélodiques du passé et sonorités nouvelles, des arrangements modernes, une vraie voix, de la créativité en pot !

Il y avait bien longtemps que je n’avais pas écouté un disque entier en boucle… depuis l’Inuendo posthume de Queen peut-être. Cela fait des lustres que je ne souhaitais pas convaincre mes proches de l’écouter, si ce n’est l’acheter. J’espère que ce billet convaincra certains papillons qu’il s’agit – en tous cas pour moi – d’un ouragan musical !

Non, je ne suis ni fan ni prosélyte : simplement heureux d’avoir enfin dépoussiéré mon pavilon auditif 😉

1. certes la bande à Sting se contentait, dans les premiers albums, d’un instrument par mains !
2. titre qui ferait référence – encore merci frangin – à cette théorie
3. Indé 30 (Le Mouv’ sur Paris : 92.1)
4. édité en France par Naïve et par Taste en Angleterre.

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